Soupière Lunéville Réverbère fin

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Introduction /

The choice of this subject isn’t arbitrary, there is a personal connection. This soup tureen is part of a dinner service that was a wedding present offered to one of two great grandmothers around 1870. Both lived in close to the manufacturer, one was from Bouxwiller and the other from Remiremont.

I first remember the dinner service at my grandmothers flat in the 1970’s. The plates were already mostly cracked and worn but the tureens were unscathed. I loved the bright colours and the small insects painted on the surface. Early on I put in my claim and eventually they found their way to London where I lived. Seeing them daily reminded me of my promise to move to France and to bring them home. That happened in 2011 when I set up in Charente Maritime and got back into painting

The tureen and my work

The soupière as a subject fits easily with my work. The paintings and drawings address long-standing preoccupations. How do we look and see our surroundings? What is the identity of the viewed and the viewer and how do I want this to translate in the work?
What is objective and subjective? Like many others I’m interested and sensitive to the independent existence of all we find in our surroundings, of objects and their qualities.

My work is anchored in objective realism; but that doesn’t limit the means of representation – rather it underpins another significant zone of engagement – you are always asking questions about how you handle paint and drawing media.  What are the marks, colors and composition saying?  Are they saying what you want them to say?   

“At OOO‘s heart is the idea that objects—whether real, fictional, natural, artificial, human, or non-human—are mutually autonomous. This core idea has significance for nearly every field of inquiry which is concerned in some way with the systematic interaction of objects, and the degree to which individual objects resist full participation in such systems”. Graham Harman

The soup tureen has qualities that are formal – it has a sculptural form, surface qualities and decoration.  Then it also has anecdotal qualities – its personal history, who used it, when and where.  Both aspects come to mind when I engage with the object (any object); one of my functions as an artist is recording and questioning that engagement.

Some of the images are trying to ‘lock’ the gaze, to fix the distance and direction between eye and object.  It’s mapping three dimensions onto two.  Or maybe that is four dimensions on to two as there is time involved too.

The resulting images, a synthesis of prolonged and intense scrutiny, can take a multitude of different forms. They can be super-precise, mapped across its surface the methodical and analytical gaze.  Other images allow the object to appear more loosely – a diaphanous assemblage of sense impressions, as though you are registering the object out of the corner of your eye. This interests me.  I used to call these ‘glance’ paintings; the object existing without becoming the subject – how it appears disregarded.   Is one more truthful than the other?  Other images reduce the soup tureen to a schematic view, negating lighting effects and volume.  The silhouette somehow manages to represent the object no less persuasively.

I was careful to avoid a set-up that is too close to a classic ‘still life’ – I think this was for a number of reasons – to avoid the soup tureen becoming somehow subordinate, ‘my actor’ in ‘my mis-en-scene’ where the space and lighting it occupies becomes as or more important that the tureen itself.

Undeniably there is a contemplative aspect to my practice.  The process of looking and transcribing is important.  It is slow – that is part of the attraction.  Concentrating for long periods on a single task lends itself to a meditative state, allows reflection.

In this case, repeatedly started afresh on a drawing or painting allowed me to see and appreciate details of the tureen, understanding its form but also the deft touch of the painted decoration.  It brings me closer to the anonymous, often female, workers and their great virtuosity.  Their skill and fluidity was also honed through repetition. You wonder what conditions they worked under, the level of recognition they had.  At a certain level my actions felt like an act of homage.

FR

Introduction  /

Pour donner un peu de contexte à ce travail, je dois préciser qu’il se relie à mon d’histoire personnelle ; le choix de cet objet n’est pas anodin, cette soupière provient d’un service qui date du mariage  (vers 1870) d’une de mes deux arrière-grands-mères, l’une de Bouxwiller et l’autre de Remiremont

J’ai connu ce service chez ma grand-mère à Paris, dès les années 1970. Les pièces du quotidien, comme les assiettes, étaient déjà bien usagées, mais les soupières et compotiers résistaient encore. J’étais émerveillé par les couleurs vives et par les petits insectes peints sur la surface de la faïence. Très vite, j’ai réclamé de les garder. Finalement je les ai emportés à Londres où j’habitais, et ils y sont restés plusieurs années. Les voir chaque jour me rappelait ma promesse de m’installer en France et de les rapatrier. Cela s’est fait en 2011 lorsque j’ai repris mon activité d’artiste peintre.

La soupière et mon travail

La soupière, en tant que sujet, s’accorde facilement avec mon travail. Les peintures et les dessins abordent des préoccupations de longue date ; comment regardons-nous ou percevons notre environnement ? Quelle est la relation du spectateur au spectacle… comment traduire cela dans l’œuvre ? Qu’est-ce qui est objectif et qu’est-ce qui est subjectif ? Comme beaucoup d’autres, je m’intéresse et je suis sensible à l’existence indépendante de ce que nous trouvons dans notre environnement ; aux objets et à leurs qualités.

Mon travail s’ancre dans le réalisme ; Mais cela ne limite pas les moyens de représentation, au contraire, cela appelle à explorer sans contrainte les pratiques picturales ; vous vous interrogez toujours sur la façon dont vous travaillez la peinture ou les supports de dessin. Que disent les traits, les couleurs et la composition ? Disent-ils fidèlement ce que vous voulez qu’ils disent ?

« Au cœur d’OOO se trouve l’idée que les objets, qu’ils soient réels, fictifs, naturels, artificiels, humains ou non humains, sont mutuellement autonomes. Cette idée centrale a une signification pour presque tous les domaines de recherche qui s’intéressent d’une manière ou d’une autre à l’interaction systématique des objets, et à la mesure dans laquelle les objets individuels résistent à la pleine participation à de tels systèmes ». Graham Harman

La soupière a des qualités formelles ;  volume, qualités de surface et de décoration. Elle a aussi des qualités liées à son histoire, à la culture qui l’environne ; qui l’a utilisé, quand, et où ?  J’ai ces deux aspects présent à l’esprit quand je commence à peindre ; je m’efforce de rester attentif à ces deux aspects, ainsi qu’au dialogue qui peut naître entre eux.

Certaines images tentent de « verrouiller » le regard, de fixer la distance et la direction entre l’œil et l’objet. Il s’agit d’évoquer trois dimensions en deux. Ou peut-être s’agit-il de quatre dimensions, car le temps est aussi un acteur actif dans la représentation.

Ces images, synthèse d’un examen intense et prolongé , peuvent prendre une multitude de formes. Elles peuvent être d’une grande précision, cartographier sur la surface les mouvements d’un regard méthodique et analytique, ou bien permettre à l’objet d’apparaître de manière plus furtive, tel une vision diaphane,  comme un objet vu du coin de l’œil. Cela m’intéresse. J’avais l’habitude de nommer cela des peintures de « regard » ; montrer l’objet en retrait du regard qui le capte, montrer comment il demeure en lisière de la conscience, glissant vers une image « spectrale » sans toutefois quitter sa réalité. Sur d’autres images la soupière se réduit à une sorte de schéma, annulant les effets d’éclairage et le volume. D’une manière ou d’une autre, la silhouette parvient à représenter l’objet de manière non moins convaincante.

J’ai pris soin d’éviter une mise en scène trop proche d’une « nature morte » classique. Cela pour un certain nombre de raisons ; pour éviter entre autres que la soupière ne devienne en quelque sorte subordonnée, tel un acteur, à une scénographie où l’espace et l’éclairage deviendrait aussi ou même plus importants que la soupière elle-même.

Indéniablement, il y a un aspect contemplatif dans ma pratique.Le processus de recherche et de transcription est important. Cette lenteur fait partie du jeu. Fixer son attention pendant de longs moments sur une seule tâche induit un état méditatif qui amplifie et libère la réflexion.

Recommencer à plusieurs reprises  un dessin ou une peinture m’a permis d’apprécier les détails de la soupière, de comprendre sa forme mais aussi la touche toujours juste du motif. Cela me rapproche des travailleurs anonymes, souvent féminins, et de leur grande virtuosité. Leur habileté, la fluidité du tracé, ont également été affinées par la répétition. On se demande quelles étaient les conditions de leur travail, quel était le niveau de reconnaissance dont ils bénéficiaient.  Cette série de peintures et de dessins est également un hommage que je leur rends.
Un grand merci à Jacques Tallotte pour la traduction

Luneville_01_sm
Luneville_01_sm
Luneville #01; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_02_sm
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Luneville #02; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_03_sm
Luneville_03_sm
Luneville #03; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_04_sm
Luneville_04_sm
Luneville #04; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_05_sm
Luneville_05_sm
Luneville #05; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_06_sm
Luneville_06_sm
Luneville #06; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_07_sm
Luneville_07_sm
Luneville #07; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_08_sm
Luneville_08_sm
Luneville #08; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024
Luneville_09_sm
Luneville_09_sm
Luneville #09; Oil on paper, 50 x 70 cm, 2024